Page 237 - Recueil Pro Patria 151 à 300
P. 237

Adjudant-chef Claude DUCRET


                        L
                             A  première  guerre  mondiale  terminée,  la  France  est  en  pleine  reconstruction
                             quand, à Paris, à l'aube de l'été 1923, Claude DUCRET voit le jour le 19 juin. Il a
                             tout juste 16 ans lorsqu'en 1939, l'Allemagne envahit la France. Refusant cette
            occupation  qu'il  juge  intolérable,  il  décide  de  s'engager  dans  l'armée  de  l'air  en  juin  1942.  En
            février  1943,  sur  la  route  le  menant  en  Afrique  du  Nord,  il  est  malheureusement  capturé  puis
            emprisonné  en  Espagne.  Il  ne  tarde  pas  à  s'évader,  puis  réussit  à  rallier  Casablanca  pour
                                                             e
            s'engager dans l'infanterie coloniale au titre du 13  régiment de tirailleurs sénégalais.
                        Au  début  de  l'année  1944,  alors  que  se  préparent  dans  le  plus  grand  secret  les
            opérations du mois de juin, Claude DUCRET débarque en Corse avec son régiment au cours du
            mois d'avril. Il participe activement à la libération de l'île d'Elbe. Deux mois plus tard, il prend part
                                                                                                            e
            au débarquement de Provence et à la libération de Toulon. A compter de novembre au sein du 23
            régiment  d'infanterie  coloniale,  il  remonte  en  première  ligne  pendant  l'offensive  du  Doubs  et
            participe à la libération de Colmar puis à la campagne d'Allemagne. Sa conduite exemplaire dans
            les combats en tant que chef de pièce de mortier de 60 mm lui vaut d'être cité à l'ordre du régiment
                                                      er
            avant d'être rapidement promu sergent le 1  septembre 1945.
                        La France victorieuse ne connaît qu'un répit de courte durée, car déjà le gouvernement
            provisoire  du  général  DE  GAULLE  se  tourne  vers  un  nouveau  conflit  :  l'Indochine.  Claude
            DUCRET fait acte de volontariat et embarque le 31 octobre 1945 à Marseille avec son régiment. Il
            participe activement pendant deux ans à la pacification des rives du Mékong et aux opérations
            aéroportées dans les régions de Dalat et du Delta. A la fin de son séjour en avril 1948, il rejoint le
               e
                                                                        e
            15  régiment de tirailleurs sénégalais à Constantine, puis le 3  bataillon de zouaves à Oran en juin
            1949.
                        Pendant  ce  temps,  la  guerre  d'Indochine  s'est  étendue  à  l'ensemble  du  Tonkin  ;
                                                                                                            e
            DUCRET,  afin  de  pouvoir  y  retourner,  souscrit  un  nouveau  contrat  cette  fois-ci  au  titre  du  2
            régiment de tirailleurs algériens. Il s'illustre le 15 novembre 1952, lors de l'attaque du poste de
            Tram-Khe. Chef de poste, il n'hésite pas à sortir sous le feu rebelle pour aider ses éléments à se
            dégager. Il inflige des pertes sévères à l'adversaire par le réglage judicieux des tirs de ses armes
            lourdes.  Le  10  juin  1953  à  Phung-xa,  il  se  distingue  à  nouveau  :  chef  de  la  section
            d'accompagnement,  il  neutralise  rapidement,  par  le  feu  précis  de  ses  engins,  plusieurs  armes
            rebelles qui fixent la compagnie, permettant le succès de l'opération. Pour ces actions d'éclat, il
            reçoit deux nouvelles citations à l'ordre de la brigade et à l'ordre de la division.

                        Deux mois avant le déclenchement de la bataille de Dien Bien Phu, il rejoint l'arme du
                          e
            génie et le 22  bataillon du matériel du génie avec lequel il continue le combat. Il est rapatrié en
            septembre 1954 et rejoint la direction du service du matériel à Rastatt jusqu'en décembre 1962,
                                                                                                e
            date à laquelle il repart pour une nouvelle campagne : l'Algérie. S'illustrant avec le 3  bataillon de
            sapeurs, il y reçoit la médaille des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre.

                        1963  marque  son  retour  définitif  en  France,  une  France  en  pleine  expansion  qui  a
            retrouvé  la  confiance  sous  la  Ve  République.  DUCRET  alors  adjudant  chef  est  affecté  à
            l'établissement régional du génie à Vayres puis à l'état major du matériel du génie à Versailles. Le
            1er janvier 1968, après 25 ans d'une riche carrière, il quitte le service actif pour rejoindre l'industrie
            privée tout en restant en contact étroit avec le monde militaire associatif. Il décède le 30 janvier
            1986 des suites d'une longue maladie.

                        Sous officier titulaire de la Médaille Militaire, trois fois cité, habité d'une foi profonde en
            son métier, d'une compétence et d'une disponibilité rare, l'adjudant chef DUCRET n'a eu de cesse
            de défendre les intérêts de la France à travers le monde. Militaire du rang dévoué puis sous officier
            d'exception, il mérite d'être cité en exemple auprès des jeunes sous officiers de recrutement semi-
            direct.
   232   233   234   235   236   237   238   239   240   241   242