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Major Jacques ZABOROWSKI



                       é le 13 octobre 1932 à Suwalki en Pologne, d’un père polonais et d’une mère originaire de la Corse, Jacques
                       Zaborowski arrive à Santa-Maria-Poggio (Haute-Corse) en 1934 alors qu’il a deux ans. Dès l’âge de 18 ans,
                  Nle 13 novembre 1950, il souscrit un engagement de 3 ans pour servir dans l’armée de Terre au titre de l’École
            des sous-officiers de Strasbourg. Au cours de son instruction il se fait remarquer d’emblée, tant par ses qualités physiques
            et morales que par son excellent esprit. Rapidement nommé caporal puis caporal-chef, il choisit de servir dans l’infanterie
            métropolitaine et le 25 juin 1951, rejoint les « diables rouges » du 152  régiment d’infanterie à Strasbourg. Avide d’action,
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            Jacques se porte volontaire pour servir au bataillon français de l’ONU en Corée. C’est ainsi que, le 29 décembre 1951, il
            débarque à Fusan et est aussitôt engagé dans toutes les opérations de l’unité. Entre le 5 et le 10 octobre 1952, participant
            aux très durs combats d’Arrow-Head, le tir précis de la pièce qu’il commande ralentit une attaque chinoise. Blessé dans
            l’action par éclat de mortier à la tête, son courage et sa remarquable conduite au feu sont récompensés par l’attribution de
            la Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs avec une citation à l’ordre du régiment. Il vient juste d’avoir vingt
            ans.
                  De retour en France le 2 janvier 1953, il est nommé sergent le 1  mai et retrouve les diables rouges du « Quinze-
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            deux » à Colmar. Brillant chef de groupe de combat, il insuffle sa foi et son ardeur aux jeunes appelés alsaciens du
            contingent.  Le  1   mars  1955,  Jacques  est  affecté  au  « Quinze-trois »,  le  153   régiment  d’infanterie  motorisé  qui  tient
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            garnison à Haguenau et qui rejoint l’Algérie en unité constituée le 10 juin.
                  En  Kabylie  d’abord,  puis  dans  l’est  Constantinois,  le  jeune  sous-officier  participe  à  toute  les  opérations  de  sa
            compagnie. À deux reprises, en juillet et septembre 1956, il se signale par son courage et son sang-froid à la tête de ses
            hommes, récupérant des armes et des munitions, puis dégageant par un assaut bien mené, un convoi tombé dans une
            embuscade. Pour ces faits, la Croix de la Valeur militaire avec une citation à l’ordre la division lui est décernée. Arrivé en
            fin de séjour, il quitte l’Algérie le 26 novembre 1957.
                  Affecté à son retour au 9  bataillon de tirailleurs marocains à Strasbourg, il est nommé sergent-chef le 1  janvier
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            1959 et contribue à l’encadrement d’une section de combat en qualité de sous-officier adjoint.
                  Toujours aussi passionné par l’action, le « chef » Zaborowski demande à repartir en Algérie pour servir au « Quinze-
            trois », régiment qu’il connaît bien depuis son premier séjour sur ce territoire.
                  Le 13 avril 1959, il retrouve le 153  régiment d’infanterie motorisé sur la frontière tunisienne et est désigné pour
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            commander une Harka avec laquelle il va s’illustrer. Le 31 octobre 1959, à la tête de ses harkis, le sergent-chef Zaborowski
            improvise et conduit une remarquable manœuvre, capture trois rebelles, libère un prisonnier et récupère quatre armes
            individuelles avec munitions. Une citation à l’ordre de la brigade récompense cette action d’éclat. Le 28 novembre 1960
            lors des difficiles combats du bordj M’Raou (sur la frontière tunisienne, près de Sakiet-Sidi-Youssef), il va avec sa section
            porter secours à un petit poste menacé par les rebelles et sur le point d’être submergé. Sa manœuvre surprend l’adversaire
            et rétablit ainsi une situation qui semblait désespérée. Cet exploit est couronné par une citation à l’ordre du régiment qui
            vient compléter sa Croix de la Valeur militaire. Toujours sur la brèche, lors d’un accrochage avec un élément rebelle le
            25 février 1961, il met en fuite et récupère du matériel et des documents importants pour le commandement. Trois mois
            plus tard, il est à l’origine de la destruction de l’organisation politique des rebelles locaux, réussit à faire prisonnier un chef
            avec tous ses documents et le 4 juin, permet l’arrestation d’une quinzaine de propagandistes. Pour ces deux actions, une
            citation à l’ordre de la brigade vient récompenser le « remarquable entraîneur d’hommes » qu’il n’a jamais cessé d’être. Le
            17 janvier 1962, la Médaille militaire lui est conférée pour services exceptionnels et, c’est avec fierté qu’il rejoint le cercle
            très restreint des sous-officiers les plus héroïques du régiment. La fin du conflit algérien s’étant concrétisée le 19 mars
            1962 par la signature du cessez le feu, le sergent-chef Zaborowski rentre définitivement en France le 23 mai de la même
            année.
                  Son magnifique passé de combattant en fait un candidat de choix pour servir à l’École d’application de l’infanterie
            de Saint-Maixent qu’il rejoint le 2 juin 1962. L’année suivante, le 1  avril 1963 il est nommé adjudant puis est muté, sur
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            place, à l’École nationale des sous-officiers d’active, crée le 1  septembre de la même année.
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                  Pendant  six  ans,  par  son  aisance  au  commandement  et  sa  connaissance  du  métier  d’instructeur,  il  irradie  le
            respect  et  l’admiration  auprès  des  premières  promotions  d’élèves  sous-officiers  d’active.  Nommé  adjudant-chef  le  1
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            janvier 1969, Jacques est alors affecté au centre de sélection n°9 à Tarascon, de septembre 1969 à juin 1977, puis au 110 e
            regiment d’infanterie à Donaueschingen (Forces Françaises en Allemagne) de 1977 à 1984. C’est au sein de ce régiment
            d’infanterie qu’il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur le 5 mai 1979, et accède au grade de major le 1  juillet 1982.
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            Le 1  juillet 1984, pour sa dernière affectation, il demande et obtient l’autorisation de servir au centre mobilisateur du
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            173  régiment d’infanterie à Bastia en Corse. Deux ans plus tard, le 28 novembre 1986, il est nommé officier dans l’Ordre  Tous droits réservés DRHAT / ENSOA © 2022 - Création ENSOA-Com : 10-2022 - Impression : cellule SOP ENSOA 22-0061
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            national du mérite et, le 1  décembre 1986, met un terme à une carrière militaire de trente-six ans de service en se retirant
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            sur l’île, dans la commune de Santa-Maria-Poggio (Haute-Corse) où il a passé son enfance.
                  L’inactivité plongeant dans l’ennui l’homme d’action qu’il a toujours été, c’est très rapidement et surtout intensément
            qu’il s’investit auprès du monde combattant local, comme au sein de sa commune où il est élu conseiller municipal puis
            adjoint au maire. La nation, reconnaissante envers ses plus fidèles et dévoués serviteurs, n’oublie pas l’ensemble des
            éminents services qu’il a rendus au pays ; c’est ainsi qu’il est promu Officier de la Légion d’honneur par décret en date du
            21 juin 2001.
                  Le 13 août 2011, Jacques Edouard Zaborowski, valeureux combattant des guerres de Corée et d’Algérie, Officier
            de la Légion d’honneur, médaillé militaire, Officier de l’Ordre national du mérite, titulaire de la Croix de guerre des TOE
            et de la Croix de la Valeur militaire, totalisant cinq citations et une blessure de guerre, s’éteint à l’âge de 79 ans, entouré
            de son épouse Christiane, attachée médico-social, citée, médaillée militaire, Chevalier de la Légion d’honneur, de ses six
            enfants et quatorze petits enfants.
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