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24 juillet 2012
Un glaive à la Résidence
Sur la pelouse de la façade de la Résidence, se tient
fièrement depuis cette fin de mois de juillet l’arme symbole
du sous-officier : un glaive. Ce dernier fut forgé par
l’adjudant-chef Toulec en 1978, il se trouvait initialement
en haut de marches du cercle mess au quartier Coiffé. Cet
ouvrage inauguré par le général Thuet et le major(er) Mitton
est visible de l’extérieure de la Résidence il est aussi l’unique
objet reliant visuellement ce bâtiment classé à l’école.
Historique et symbolique du Glaive des Sous-Officiers
La main année d’un glaive dont la symbolique est associée à la formation des sous-officiers figure
sur l’insigne de l’école depuis 1963. Depuis la 88 promotion « adjudant LE POITTEVIN », baptisée le
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25 novembre 1978, toutes les promotions de l’ENSOA ont reçu un insigne dont la main armée d’un glaive
en est l’élément héraldique incontournable. Mais que connaît-on de cette arme qui fut en dotation dans
l’armée française au XVIII et XIX siècle ?
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Depuis la fin du XVII siècle le grenadier fantassin est armé en plus de son fusil d’un sabre géné-
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ralement courbe et fort long. Cette arme était considérée comme une distinction de ce corps. Le sabre
briquet, sabre court d’infanterie apparaît sous ce nom dès 1752. Ce mot vient des cavaliers qui donnèrent
par dérision l’appellation à cette arme de fantassin. Vers 1755 la lame tend à se raccourcir rendant le port
plus aisé. Enfin l’ordonnance de 1767 débarrasse le fantassin de cette antiquité pour lui affecter officiel-
lement une arme plus courte. C’est le fameux briquet des grenadiers d’infanterie dont la forme rappelle
l’instrument de l’époque pour allumer le feu. Le texte de 1767 indique : « ... les grenadiers, fourriers,
sergents, caporaux, soldats charpentiers et tambours des compagnies de fusiliers et les musiciens seront
armés de sabre... ».
Le glaive apparaît après la guerre de sept ans pour équiper les soldats canonniers et charpentiers
des gardes françaises. La forme antique provient de l’engouement de l’époque pour l’antiquité illustré par la
découverte de POMPEI et le lancement de ses fouilles en ce début de XVIII siècle. L’artillerie royale recevra
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officiellement le glaive en 1771 suite à l’ordonnance de 1765 rédigée par Gribeauval.
Par l’ordonnance du 24 octobre l784 un glaive équipera le corps royal de l’artillerie des colonies.
La période impériale fera disparaître le glaive comme symbole de l’ancien régime et remettra le sabre
briquet en dotation.
A la restauration, un nouveau modèle de glaive apparaît en 1816 dans l’artillerie afin de rem-
placer le sabre briquet. Des modèles avec fleur de lys, avec le coq de la monarchie de juillet ou de
l’aigle du Second Empire seront successivement édités. En 1831 la décision d’équiper le génie est
prise. Ce sabre a été porté jusqu’au Second Empire en particulier par le génie et les sapeurs de la gendar-
merie de la garde.
Cette arme fut mal accueillie car jugée trop pesante et ne protégeant pas la main. Le sobriquet de
coupe choux lui fut donné. Les anciens sabres briquets furent distribués à la garde nationale. Une modifica-
tion du glaive en baïonnette fut proposée mais pas retenue. Lors de la réorganisation de la garde nationale
en 1852 un modèle plus court et plus léger fut attribué à cette milice. Le glaive disparaîtra de la tenue à la
fin du Second Empire.
Tout comme l’épée est le symbole de l’officier, le glaive représente le pouvoir de commandement at-
tribué au sous-officier.
capitaine Abad
ancien officier traditions du 3 Bataillon
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