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Rosalie,
Joséphine ou Isabelle ?
L’une des expositions, présentée voilà quelques mois par l’équipe du musée du
sous-officier, sur le thème de la musique militaire a permis de faire réapparaître certaines
partitions oubliées comme celle intitulée : « Rosalie » de Théodore Botrel.
Mais qui peut bien être cette « Rosalie » ?
Il s’agit en fait ici d’une véritable ode à la baïonnette ; puisque c’est ainsi, (entre
autres prénoms féminins…), que les soldats la surnommaient.
La baïonnette, arme française par excellence est née
de la nécessité. En effet, l’histoire veut que lors de conflits in-
ternes agitant la France, les paysans de tout le territoire national, notamment ceux de
Bayonne, à court de poudre, adjoignirent de longs couteaux acérés au bout de piques
en bois afin de pouvoir se défendre. Cette invention, qui, avec d’autres innovations, fit
de l’armée Française l’une des meilleures au monde fut mainte fois améliorée tout au
long de l’histoire militaire…
Les premiers mousquets possédaient une faible cadence de tir (un par minute)
et manquaient de fiabilité, les stratèges d’alors s’aperçurent donc très vite de l’effica-
cité et de la complémentarité d’une arme telle que la baïonnette.
Ces baïonnettes, dont la lame peut mesurer de 30 à 43 cm (pendant la période
napoléonienne), étaient fixées par les soldats sur leur fusil créant ainsi de véritables
et redoutables lances de plus de 2 mètres de long…
Le maniement de la baïonnette nécessitait un réel apprentissage pouvant
s’apparenter à celui de l’escrime ainsi que le prouvent certains opuscules tels que :
«Enseignement pratique de l’escrime à la baïonnette» du commandant Niessel et du lieutenant Bar ; ou «Escrime
à la baïonnette à double jeu» du capitaine Quirot…
Depuis sa création, de nombreux modèles de « four-
chettes », ainsi qu’elles étaient appelées parfois, se sont
succédées. Les premières sont dites « bouchon » car elles
étaient directement fixées dans le canon, empêchant évi-
demment l’arme de tirer. Puis vinrent les baïonnettes « à
tenon », fixées cette fois à l’extérieur du canon. Il subsiste
aujourd’hui encore dans de nombreux états plusieurs mo-
dèles de baïonnettes, comme la Sawback US M9 (datant
de 1984) qui possède un fourreau pouvant servir de pince
coupante. Depuis 2004, l’US Marine Corp développe un
modèle un peu différent pourvu d’une lame de 20 cm et
adoptant la forme d’un couteau, comme la plupart des mo-
dèles modernes, ici le couteau Bowie.
La convention de Genève interdit aujourd’hui les
baïonnettes triangulaires, cruciformes ou dentelées car
Baïonnettes de kalachnikov et son fourreau leurs blessures sont particulièrement difficiles à cicatriser.
pouvant servir de pince coupante,
Toutefois des pays tels que la Chine ou l’Albanie utilisent
encore ces armes.
Charlotte Godard
Épée-baïonette modèle 1886 dite «La Rosalie»
longueur 63,5 cm / longueur de lame : 52 cm / poids : 475 g
Baïonnette allemande modèle 98-05
longueur 50 cm / longueur de lame : 36,8 cm
en 1918 l’Etat-Major allemand fait meuler les dents de scie pour cause de mauvais traitements sur des soldats faits prisonniers