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Sergent Bernard NESSUS



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                             ERNARD Nessus est né le 4 juillet 1944 à Foug en Lorraine en territoire occupé. Les Alliés
                             ont commencé à reprendre l'ascendant sur l'ennemi nazi après avoir débarqué sur les
                             plages de Normandie un mois auparavant. Élevé dans un milieu modeste et patriotique,
            c'est un jeune homme dynamique, rustique et sportif.

                        Ayant pour exemple ses deux frères aînés engagés dans les conflits d'Indochine ou d'Algérie, il
                                                                                                e
            se porte volontaire pour servir en unité parachutiste pour son service militaire et rejoint le 8  régiment de
            parachutistes d'infanterie de marine en octobre 1963 à Castres. Il a alors un peu plus de 19 ans lorsqu'il
                                                                                      er
            commence sa formation exigeante de parachutiste. Il termine sa conscription le 1  mars 1965 et prend le
            temps de la réflexion avant de se décider à s'engager quelques mois plus tard.

                        Le  10  janvier  1966,  il  signe  un  premier  contrat  de  quatre  ans  pour  servir  cette  fois  comme
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            engagé  au  titre  du  8   RPIMa.  Il  est  promu  caporal  l'année  suivante  après  s'être  fait  remarqué  pour  ses
            qualités de soldat. Il marquera ses camarades et ses chefs durant plus de trois ans et demi, avant d'être
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            affecté au 3  RPIMa de Carcassonne le 24 juillet 1969.
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                        C'est  lors  de  cette  affectation  qu'il  se  porte  volontaire  pour  rejoindre  la  6   compagnie  de
            parachutistes  d'infanterie  de  marine  qui  opère  en  Afrique  depuis  1948.  En  effet,  en  août  1969,  cette
            compagnie  fait  appel  à  des  volontaires  engagés  pour  remplacer  ses  appelés.  Le  caporal-chef  Nessus,
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            nouvellement promu au 1  novembre, arrive ainsi à Fort-Lamy au Tchad le 17 novembre 1969 pour servir au
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            titre du 6  régiment interarmes d'outre-mer. Affecté au 1  commando en qualité de chef de groupe, il montre
            immédiatement ses qualités de combattant et de meneur d'hommes durant ses premières opérations.
                                                                    er
                        Ayant signé un nouveau contrat de trois ans le 1  janvier 1970, il accède au corps des sous-
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            officiers le 1  avril, après avoir fait preuve de bravoure lors de l'opération « Éphémère » dans la province du
            Borkou  Ennedi-Tibesti  (BET)  le  27  mars.  Il  sera  cité  à  l'ordre  de  la  brigade  pour  son  action  audacieuse,
            ayant permis la mise hors de combat de plusieurs rebelles et la récupération de leur armement, et se verra
            par ailleurs attribuer la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze.

                        La situation se dégrade en ce début d'automne 1970 dans la région au Nord de Faya-Largeau,
            la capitale du BET. Les rebelles Toubous, parfaitement adaptés au terrain, descendent des contreforts du
            Tibesti  pour  investir  les  palmeraies  et  lancer  des  actions  de  harcèlement  sur  les  postes  de  l'armée
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            tchadienne. C'est dans ce cadre que les « éléphants noirs » de la 6  CPIMa se regroupent à Faya-Largeau
            début  octobre  afin  de  mener  une  reconnaissance  dans  le  Borkou.  Cette  opération  s'effectuera  entre  les
            palmeraies de Kirdimi et Bedo, où pourraient se trouver des éléments rebelles. Après un unique contact la
            première  nuit,  l'ordre  est  donné  ce  11  octobre  de  rejoindre  Faya-Largeau  depuis  la  palmeraie  de  Bedo,
            reconnue la veille, où est regroupée la compagnie.

                        La colonne d'une quinzaine de dodges démarre vers 14 heures en direction de Kirdimi. En tête
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            de convoi se trouvent les camions et les paras du 1   commando. Le véhicule de tête est celui du groupe du
            sergent Bernard Nessus, à bord duquel a pris place son nouveau chef de commando, le lieutenant Neau.
            Mais vers 16 h 30, alors que la compagnie a parcouru environ 25 kilomètres entre des monticules de cailloux
            et des dunes de sable, elle se trouve prise dans une violente embuscade à très courte portée. Les camions
            sont immédiatement immobilisés et les paras en « giclent » aussitôt pour riposter. Le feu est extrêmement
            nourri, touchant de nombreux soldats et neutralisant en moins d'une minute une dizaine d'armes par impact
            direct  de  balles. Le sergent Nessus réussit  à hurler des  ordres à ses hommes avant  d'être mortellement
            touché par deux balles en plein visage.
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                        Les 2  et 4  commandos de la compagnie réussissent, après un intense combat, à s'emparer
            des  positions  rebelles.  Cette  embuscade  aura  coûté  la  vie  à  douze  «  éléphants  noirs  »,  faisant  de  cette
            journée la plus meurtrière pour la CPIMa pendant sa campagne du Tchad. Seuls le chef de commando et
            deux parachutistes du premier véhicule auront la vie sauve.

                        En s'engageant dans les troupes de marine, le sergent Bernard Nessus avait choisi de servir sa
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            patrie. Sa soif d'action et son envie d'en « découdre » l'ont poussé à se porter volontaire pour rejoindre la 6
            CPIMa fin 1969. Chef de groupe rigoureux, discipliné et exigeant, il est mort pour la France à l'âge de 26
            ans, après une courte mais riche carrière. La médaille militaire, la croix de la valeur militaire avec citation à
            l'ordre de l'armée et la croix du mérite militaire tchadien sont venues rendre un dernier hommage à ce sous-
            officier exemplaire et déterminé.
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