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Le sergent HOFF,
un destin qui bascule
en 1870
La discipline la plus sévère règne chez les com-
pagnons du sergent Hoff. Lui-même a pris soin de
les prévenir : « Vous voulez marcher avec moi, c’est
fort bien, mais le premier de vous qui dort en faction,
le premier qui bat en retraite sans en avoir reçu mes
ordres, je lui brûle la cervelle. De votre côté, si vous me
trouvez en faute, ne m’épargnez pas, non plus ».
Son terrain d’action est vaste et les cours d’eau
ne l’arrêtent pas. Avec ses hommes, sur la Marne,
il reprend, l’île aux Loups aux Prussiens.
Le 6 novembre, suite à cet exploit, il reçoit
la Légion d’honneur des mains du général d’Exea
qui souligne que cette première croix donnée par la
République est bien méritée.
Le 19 novembre, il est mis à l’ordre du jour
du 107 de ligne par le général Trochu, gouverneur de
e
Paris, pour avoir
tué 33 prussiens
à titre individuel,
Ignace Hoff naît le 20 juillet 1836 à Marmoutier en différents com-
(Bas-Rhin). bats et pour avoir
Très tôt, il quitte la maison maternelle et fait son mis en déroute
tour de France comme ouvrier plâtrier. une troupe com-
Il est incorporé le 29 novembre 1857 (service mi- posée d’infanterie
litaire) et s’engage pour 7 ans à partir du 31 décembre et de cavalerie, le
1863. 5 octobre, en em-
En 1870, Hoff a treize ans de service, il est buscade avec 15
inconnu hors de son régiment. Son avancement a cer- hommes.
tainement été retardé, les premières années, par ses Sa réputa-
difficultés à maîtriser la langue française. tion est grande, des
Au début du conflit, il est en poste à Belle Île en articles de journaux
Mer comme sergent au dépôt du 25 de ligne. lui sont consacrés
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À sa demande, il est affecté au 7 régiment de mais le sergent Hoff
e
marche (qui appartient au 13 corps). Avec son unité, reste un homme
e
le sergent Hoff rejoint Paris assiégé qui attend les ren- modeste ne récla-
forts des armées de province. C’est à cette époque, mant aucun hon-
alors qu’il s’est déjà illustré, militairement, par ses ini- neur. Seul le combat contre les Prussiens le motive.
tiatives à Reims, qu’il apprend une nouvelle terrible : Il devient alors une sorte de légende au point que
son père aurait été fusillé par les Prussiens (cette nou- sa tête est mise à prix 20 000 thalers par les Prussiens
velle s’avérera fausse par la suite) ! qui estiment déloyale sa forme de combat.
Après une courte période d’observation, s’éton-
nant de l’immobilisme des troupes françaises, il passe Lieutenant-colonel Riera J.-C.
(H)
à l’action, de son propre chef.
Seul, dans un premier temps, il harcèle l’ennemi,
enlève des sentinelles, abat des Prussiens, observe
leurs postes et renseigne ses chefs. C’est le type Dans une deuxième partie, nous verrons comment, dans
même du franc-tireur. Il est toujours sergent et ses l’adversité, Hoff trompa les Prussiens et sut passer outre les ac-
actions le font remarquer par son chef de Corps. Avec cusations malveillantes tout en gardant une modestie égale à sa
l’accord de ses supérieurs, il forme et entraîne une bravoure.
troupe d’hommes résolus et continue avec eux son
travail de sape. Les Prussiens se sentent menacés.