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Sur un air militaire… Paul-Henri Timpagnon :
De la caserne au défilé Militaire et Artiste
Objet de nombreuses réformes et, aujourd’hui, Le chantier des collections, débuté en 2007, permit de redécouvrir un portrait peint du
armée professionnelle, l’institution militaire n’en a pas, Maréchal Foch. Le capitaine Géraud Seznec, conservateur, chercha un mécène afin de faire
pour autant, oublié ses traditions. Attachée à ses valeurs restaurer cette toile encore anonyme, son choix se porta sur l’A.G.P.M.. Les recherches menées
et à son histoire, elle les perpétue notamment à travers ses depuis par son équipe permirent d’identifier l’auteur. Il s’agit de Paul-Henri Timpagnon. Cet
activités rituelles, dont la musique est un des éléments fon- élève de l’E.M.IC.C. mérite qu’on lui consacre ces quelques lignes.
dateurs et structurants. La musique militaire regroupe des
productions savantes et populaires, des musiques Paul-Henri Timpagnon naît au Havre le 29 juillet 1905. Enfant
vocales et instrumentales, des pièces fonctionnelles et de troupe, engagé volontaire, entré au Service le 18 juillet 1923, il
divertissantes. accède au grade de sergent en 1924. Il a 24 ans lorsqu’il arrive à
Point de départ de cette exposition, la guerre l’Ecole Militaire d’Infanterie et des Chars de Combat (E.M.I.C.C.) de
de 1870 marque un tournant pour ces musiques. La Saint-Maixent-l’Ecole dans la 45 Promotion dite du « Centenaire de
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III République, âge d’or des musiques militaires, est large- l’Algérie » (1929-1931).
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ment alimentée par la conscription, mais surtout par l’es- Il intègre le 6 R.I.S. au Maroc en août 1932 et, quelques mois
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prit « revanchard » et patriotique, né de la défaite de 1871. plus tard, il prend la tête du 39 Goum. C’est au Djebel-Sagho
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En effet, cette période est riche de nouveaux chants mili- (Maroc), durant l’attaque de Bou-Gafer, dans la nuit du 24 au
taires et voit naître nombre de fanfares régimentaires qui se donnent régulièrement en 25 février 1933, que le lieutenant Timpagnon décède, à l’âge de
représentation, notamment sous les kiosques à musique, lieux 27 ans, abattu d’une balle dans la tête par des dissidents alors qu’il
d’échanges entre population civile et militaire. Qu’elles soient vocales mène ses hommes au combat.
ou instrumentales, ces productions répondent à des considérations Parmi les témoignages que nous possédons concernant le Revue de Promotion
techniques, comme n’importe quelle autre musique, mais cela va jeune lieutenant Timpagnon, l’un des plus émouvants est certaine- (1929-1931)
bien au-delà. Destinée, à l’origine, à galvaniser les troupes puis, ment celui rendu par le général Michelin (Commandant l’E.M.I.C.C. P.H. Timpagnon. ©MSO
à embellir le décorum des cérémonies, la musique rythme la vie du de 1930 et 1935) dans une lettre datée du 1 décembre 1933 dans
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soldat dans son quotidien. Elle soude le groupe, fonction essentielle laquelle il écrit ces mots : « …nous rappelons souvent cet admirable officier, cet admirable
dans une institution comme l’armée, constituée d’hommes et de camarade, chez qui tout était compréhension, sensibilité juste et générosité. Parmi nous, il était
femmes dévoués au service de la France. Le répertoire militaire actuel des meilleurs. » Les louanges à l’égard du jeune officier furent nombreuses, comme celles qui
se met principalement en place au XIX et au XX siècle. Il tire sa lui furent adressées par le général Catroux, commandant la région de Marrakech : « C’était un
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richesse d’influences nombreuses. L’aventure coloniale a notamment ardent brave jeune officier…C’était un héroïque officier. »
été l’occasion d’échanges importants, surtout au niveau des ensem- Excellent dessinateur, Paul-Henri Timpagnon ne se contenta pas d’exécuter plusieurs
bles instrumentaux. Alors que l’usage du clairon se généralisait dans illustrations pour son bulletin de Promotion dont celle, empreinte de solennité, où l’on voit un
les territoires d’outre-mer, l’armée française intégrait des instru- soldat de dos, saluant le Monument aux morts (encore
ments orientaux, tels que le chapeau chinois, dans certaines de ses visible aujourd’hui dans le Quartier Marchand). Il usa
Recueil « Ce que chantent formations, alors appelées noubas. également de ses talents pour réaliser des caricatures telle
nos soldats », n°2 de la que celle que l’on peut voir en couverture de la revue de la
revue La petite musique Cette exposition, portée par le musée du Sous-officier et le Promotion du Centenaire de l’Algérie intitulée : « Achille
pour tous. 1915 © MSO musée des Troupes de Montagne, met en perspective ces multiples conduit le bal », dont la réalisation est bien moins conven-
facettes de la musique militaire, à travers les traditions des chasseurs tionnelle, où l’ironie n’est pas absente à une époque où po-
qui ont, en plus d’un répertoire qui leur est propre, adopté le cor, instrument indissociable du chades et dérision envers les cadres étaient chose
champ de bataille, comme insigne et l’histoire des écoles militaires de Saint-Maixent jusqu’à courante et acceptable…
aujourd’hui avec l’ENSOA, Maison-Mère des sous-officiers. L’école dispense à tous la même for-
mation initiale, socle des savoir-être et des savoir-faire, Etant le premier à être tombé au Champ d’Honneur
indispensables aux sous-officiers, comme le rappelle leur hymne, durant cette opération de pacification du sud marocain, il
Jeune chef : fut fait chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume,
« L’école te formera et obtint la Croix de Guerre. Aujourd’hui, et pour de
Dans un creuset d’acier longues années encore, le nom de Timpagnon restera gravé
sur la façade de notre musée ainsi que dans la Crypte.
Mais toi seul trouveras
L’esprit guerrier. » Charlotte GODARD
Tambour. vers 1950 © MSO Adeline POUSSIN Bulletin de Promotion (1929-1931)
P.H. Timpagnon © Coll. Privée