Entretenir les traditions du corps des Sous-officiers et participer au devoir de mémoire et d'histoire

Chevron n° 1 bis - janvier 1999


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Sommaire

  • Le stage des P.S.O., la gestion des sous-officiers
  • Les filières du service de santé
  • Le concours des majors
  • Encart central : Historique des sous-officiers
  • Le sous-officier de l'armée portugaise.
  • Lettre du front de l'adjudant Alcide Savatier, parrain de la 175° promotion



Encart central : Historique des sous-officiers
Historique sous-officiers



Lettre du front de l'adjudant Alcide Savatier, parrain de la 175° promotion
UNE LEÇON D'HUMANITE
Alcide Savatier portrait

Adjudant Alcide Savatier
Alcide Savatier insigne
Insigne de la 175° promotion

Le 5 MAI 1915
Chers parents,

Jamais je n'oublierai cette journée du 30 Avril ! Quelle boucherie !

L'ordre d'attaquer. On tremble d'abord… et on se ressaisit quand on entend le 75 tonner. Mais naturellement, leurs 105 nous répondent. Le bruit et l'odeur de la poudre, ça rend fou ! Imaginez des coups de tonnerre au nombre de plusieurs centaines par seconde et le ciel noir de fumée. Dans la fournaise nous ne pensons pas à la mort. Après on se demande comment on est encore en vie. On s'élance. Fusils et mitrailleuses crépitent. Les camarades tombent. Un caporal est tué, un pauvre diable qui avait 9 mois de campagne. Mais les Allemands se voyant fichus, sortent de leurs tranchées, les bras en l'air. Ils se rendent. Mes hommes veulent leur tirer dessus, mais je réussis à contenir leur rage. C'est difficile ! Ils veulent venger nos camarades. Devant moi, ces cinq Allemands me doivent la vie. Ils me font peine à voir! Les bras en l'air ils se mettent à genoux. Ils joignent les mains pour implorer notre pitié. Pourtant, est-ce qu'ils la méritent notre pitié ?

Dans leurs tranchées, nous avons trouvé deux mitrailleuses et un bazar de bibelots. Maintenant nous nous y installons. On sort les morts, on panse les blessés mais on se prépare à la contre-attaque. À deux heures du matin, les voilà qui reviennent en tirailleur, mais on les arrête à coups de fusils et de grenades. On lutte jusqu'au lever du jour; Beaucoup d'entre eux sont restés sur le terrain. D'autres ont échappé à la mort en creusant des trous. Sous nos tirs, ils creusent pour se protéger. J'en voyais un de dos qui creusait son trou. Il s'est pris une balle: il a les reins cassés. Le malheureux s'est débattu toute la journée sur le terrain. Le 75, ce terrible 75, continue à taper. Ils ont raison d'en avoir peur. La seconde nuit, encore alerte. Ces messieurs lancent une attaque, mais de flanc, ce coup-ci. Notre tranchée est intenable. À chaque minute, c'est un mort ou un blessé. Les Allemands hurlent : « Hourra ! Hourra ! » Mais on tient toujours…

Voilà quatre jours que nous ne dormons pas. Manger, on ne peut manger que quelques biscuits. Nous sommes à bout. Enfin, nous sommes relevés. Nous sommes abrutis, nous sortons de l'abattoir. Un court moment de tranquillité où nous pleurons nos morts. Un camarade sergent…. nous avons rapporté son corps, fait un cercueil de quatre planches. Une demi-heure après, nous apprenons que ceux qui nous avaient relevés se sont laissés reprendre la tranchée que nous avions si chèrement gagnée !
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