Page 25 - Recueil Pro Patria 151 à 300
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ADJUDANT ALLOUCHE Jean-Louis
            Le  6  avril  1947,  Jean  Louis  ALLOUCHE  voit  le  jour  à  MARRAKECH.  Fils
            d’une  famille  de  pieds-noirs,  il  passe  toute  son  enfance  au  MAROC.  Au
            moment de l’indépendance du Maroc, sa famille s’installe dans le nord de
            la  France.  Le  5  mai  1967,  il  est  appelé  au  service  militaire  actif  et
            rejoint  le  3°  RIMa  stationné  à  Vannes.  D’emblée,  il  se  distingue,  par
            son  calme  et  son efficacité.  Il  suit  le  peloton  des élèves  gradés  puis
            le peloton d’élèves sous-officiers au sein du régiment. Le 1° mai 1968,
            il reçoit son premier galon de sous-officier.
            En  août  1968,  il  arrive  à  la  fin  de  son  service  militaire  mais  il  ne
            peut se résoudre à s’arrêter. La qualité de son commandement lui permet
            de souscrire un engagement avec le grade de sergent.
            Le  4  août  1970,  il  est  désigné  pour  continuer  son  service  Outre-mer  et
                                                ’
            il est affecté au Bureau d Aide Militaire du Tchad. Il débarque à FORT-
            LAMY quelques jours plus tard.
            Pendant un an, il va oeuvrer au sein de la toute jeune Armée Tchadienne
            se plaisant dans son action d’instructeur. Affecté à la Garde Nomade, il
            rayonne à partir de Mongo où il est basé. D’un caractère ouvert, il est
            tout  de  suite  accepté  et  très  apprécié  des  goumiers  tchadiens.  Le  1°
            janvier 1971, à peine deux ans et demi après son premier galon de sous-
            officier, il est nommé sergent-chef.
            A  son  retour  du  Tchad,  il  est  affecté  au  1°  RIMa  à  GRANDVILLE.  Il  va
            mettre à profit les deux années qui suivent à se perfectionner.
            A  la  fin  de  l’année  1973,  il  accède  à  ce  qu’il  désire  le  plus:  le
            commandement d’une section, A 26 ans, il est le seul sergent-chef, chef
            de  section  du  régiment.  Une  section  dont  l’indicatif  JAUNE  3  ne  le
            quittera plus. Le 1° avril 1975, il est nommé au grade d’adjudant : il a
            28 ans. Par deux fois, en 1975 et en 1977, il effectue des séjours de 4
            mois au sein de la compagnie tournante du 6° RIMa au Gabon. Pendant ces
            périodes découpées par les gardes et les tournées de brousse, il vit au
            plus près de ses hommes. Le 18 avril 1978, l’Armée Nationale Tchadienne
            durement éprouvée par une offensive venue du nord sollicite l’aide de la
            France.  L’opération  "Tacaud"  est  déclenchée.  Le  22  avril  1978,  le  3°
            RIMa en alerte "Guépard" est dirigé sur le Tchad. La 3° Cie se porte sur
            Mongo,  puis  à  partir  de  sa  position,  rayonne  en  envoyant  des
            patrouilles. Le 18 mai 1978 vers 22H, un message arrive à MONGO : ATI,
            situé  à  180  km  au  nord,  est  tombé.  La  3°  Cie  fait  mouvement  sur  la
            ville.
            Le 19 mai 1978 vers 11H la Cie débarque à 1500m du village et commence
            sa progression. "En avant" hurle l’Adj. Allouche.
            Comme  un  seul  homme,  sa  section  bondit  derrière  ce  chef  qu’elle  aime
            tant.  Au  moment  où  JAUNE  3  atteint  son  objectif,  un  feu  extrêmement
            violent  se  déclenche.  L’Adj  ALLOUCHE  est  en  tète.  A  quelques  mètres  de
            lui, un obus de mortier explose. Il trébuche et tombe. Un éclat vient de
            lui  sectionner  l’artère  fémorale.  Avec  ce  calme  qui  l’a  toujours
            caractérisé, il donne ses derniers ordres. Avec efficacité, il place ses
            groupes,  encourageant  l’un,  rectifiant  la  position  d’un  autre.  Il  fait
            déclencher  les  tirs  qui  déjà  infligent  de  lourdes  pertes  à  1’ennemi.
            Puis,  comme  si  sa  mission  était  remplie,  il  transmet  le  Commandement  à
            son adjoint et s’affaisse. Inconscient, il est évacué et les infirmiers
            l’embarquent  dans  le  Puma  sanitaire.  Mais  il  est  trop  tard.  L’ADJ
            ALLOUCHE a été au bout de son contrat: il a fait le sacrifice suprême.
                    Quelques jours plus tard, la France salue l’attitude courageuse de
            ce sous-officier qui, au plus fort du combat, a su par sa détermination
            et  son  sens  du  sacrifice  préserver  ses  hommes  au  mépris  de  sa  vie,  et
            lui  concède  la  médaille  militaire  à  titre  exceptionnel  ainsi  que  la
            croix de la valeur militaire avec palme.
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